Jean LESUEUR DE SAINT-SAUVEURÂge : 701598–1668
- Nom
- Jean LESUEUR DE SAINT-SAUVEUR
- Statut
- IMMIGRANT
- Profession
- Abbé
- Prénom(s)
- Jean
- Nom de famille
- LESUEUR
- Nom dit ou alias
- DE SAINT-SAUVEUR
- Nationalité
- Normand
LE SUEUR, JEAN, appelé aussi abbé de Saint-Sauveur, prêtre, chapelain de l’Hôtel-Dieu de Québec, né vers 1598 en Normandie, décédé à Québec le 29 novembre 1668.
Il fut le premier prêtre séculier venu dans les établissements du Saint-Laurent. Il arriva en 1634 et exerça son ministère aux environs de Québec, sous la juridiction des Jésuites, qui avaient alors la charge spirituelle de la colonie. Ordonné prêtre vers 1623, il avait d’abord été curé en Normandie, paroisse Saint-Sauveur de Thury-Harcourt (diocèse de Bayeux, dans le Calvados).
L’histoire de l’abbé Le Sueur est intéressante parce que reliée à celle de Jean Bourdon, qui était arrivé sur le même bateau. L’abbé Auguste Gosselin se demande à ce sujet : « Ces deux hommes s’étaient-ils connus auparavant ? Avaient-ils concerté ensemble le projet d’émigrer dans la Nouvelle-France ? Ou plutôt leur rencontre fut-elle fortuite ? Ce qui est certain, c’est qu’ils contractèrent dès lors l’un pour l’autre une amitié inviolable, une amitié telle que leur sort fut désormais enchaîné l’un à l’autre et que leur existence devint inséparable. »
Jean Bourdon s’étant établi dans la banlieue de Québec sur un fief qu’il nomma Saint-Jean, l’abbé Le Sueur l’y rejoignit en 1650, alors qu’on édifiait une chapelle près de la maison. Nous y trouvons l’origine des appellations modernes : rue Saint-Jean et faubourg Saint-Jean-Baptiste. La chapelle Saint-Jean servit désormais de desserte pour les habitants du coteau Sainte-Geneviève, sous la direction de l’abbé Le Sueur, qui était en même temps précepteur des enfants de Jean Bourdon. Mgr de Laval fait mention de la chapelle dans son rapport de 1660 au Saint-Siège, dans lequel il énumère les huit églises ou chapelles du gouvernement de Québec. Jean Bourdon finit par léguer cette chapelle à son ami par un codicille du 20 septembre 1664.
Bourdon reçut une autre concession du gouverneur Huault de Montmagny le 10 mars 1646 et l’abbé Le Sueur se fit lui-même concéder, le 31 octobre suivant, un terrain contigu situé au coteau Sainte-Geneviève. Ces deux concessions formèrent le fief Saint-François, dont les tenanciers obtinrent, le 30 décembre 1653, la prolongation jusqu’à la rivière Saint-Charles. Finalement M. Le Sueur céda ses parts de terrain à son compagnon par donations du 3 mai 1654 et du 26 février 1655.
L’abbé Le Sueur fut intimement lié à la fondation de l’Hôtel-Dieu de Québec. Dès l’année qui précéda l’arrivée des religieuses, la fondatrice ayant obtenu pour elles des terres, appelées par la suite « terres de Sainte-Marie », près de Sillery, il fut chargé de diriger les ouvriers envoyés pour les défricher et bâtir le logement. À l’arrivée même des sœurs en 1639, il leur fit de ses mains un matelas de branches. À la demande du supérieur des Jésuites, il fut le chapelain des religieuses ; en leur nom, il prit officiellement possession de leurs terrains, le 26 janvier 1640,’et d’une autre concession, le 9 mai 1650. Il leur rendit mille services temporels et spirituels durant 10 ou 11 ans ; il fut le confesseur de la mère Catherine de Saint-Augustin.
Entre-temps, il demeurait à la disposition des Jésuites pour la paroisse de Québec et pour la mission de la côte de Beaupré, qu’il allait visiter périodiquement à la demande et aux frais de la Compagnie de ce lieu. Plusieurs détails de son ministère sont consignés dans les Relations et surtout le Journal des Jésuites. Il se plaisait à servir de parrain aux indigènes et s’entendait fort bien dans le chant d’église, en dirigeant même l’exécution dans les grandes circonstances. L’abbé Le Sueur mourut à l’Hôtel-Dieu, après plusieurs mois de langueur. Une paroisse de Québec, située en partie sur les terres qu’il avait possédées, porte le nom de Saint-Sauveur.