Page 11 - Dictionnaire généalogique des familles canadiennes depuis la fondation de la colonie jusqu'à nos jours Volume V (JOA - MER)
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Mgr Tanguay a passé le jour de Noël à Lorette et a célébré la sainte messe dans la chapelle de
la Santa Casa. Il a aussi fait le pèlerinage de Lourdes, et a* visite à Lyon la maison-mère des
religieuses de Jésus-Marie, qui dirigent le couvent de Sillery, à Québec. Quatre religieuses cana-
diennes s'y trouvent actuellement.
Nous aimons à reproduire l'article suivant publié il y a quelques mois dans La
France Illustrée, journal de Paris, pour montrer à nos compatriotes combien les
Français de la vieille France savent apprécier les travaux de Mgr Tanguay :
Naguères, à Rome, assistait comme témoin au mariage du garde-noble, comte Moroni avec la
jeune comtesse Maria Pecci, nièce du Pape Léon XIII, M. l'abbé Cyprien Tanguay, prêtre juste-
ment illustre du Canada.
Que ce nom tombe avec admiration et sympathie de notre plume, il ne faut point s'en étonner.
Nous aimons à nous incliner devant le mérite, et de plus, Canada et France ont des liens si in-
times!... Ces liens, M. l'abbe Tanguay, par un travail surprenant, les a rendus et plus manifestes
et plus étroits ; aussi est-ce avec un sentiment d'une joie vraiment patriotique que nous appelons
l'attention de notre pays sur un ouvrage non seulement très intéressant en lui-même, mais utile
encore et nécessaire à beaucoup de familles.
Quand, vers le milieu du XVI e siècle, Jacques Cartier, parti de St-Malo, s'en alla reconnaître
ces terres de l'Amérique du Nord qu'aucun Européen n'avait encore saluées; quand, un demi-siècle
plus tard, Pierre du Guast, sieur des Monts, et, après lui, Samuel de Champlain jetèrent les pre-
mières bases d'une colonie française sur les rives incultes du fleuve Saint-Laurent, ils ne se dou-
taient pas qu'après une période de trois cents ans, on trouverait inscrits, dans un ouvrage désormais
immortel, la naissance, la vie et la mort de tous ces vaillants de race française qui, par le fer, l'épée
et la charrue ont conquis leur place sur le sol fertile du Canada. Et, cependant, cela est. Tout ce
qui a germé de sang français dans le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Ecosse, l'Ile-du-Prince-
Edouard, dans les provinces de Québec et d'Ontario, et ce qui s'en est répandu au sud du
Saint-Laurent et des grands lacs, jusque dans la Louisiane, a trouvé un historien qui en a marqué
la transmission par familles et par individus jusqu'à nos jours. Ainsi, aujourd'hui, les 2,000,000
d'individus de race française qui habitent le Canada et les Etats-Unis ont chacun leur généalogie
complète; les 400,000 familles, qui constituent l'ensemble de cette population, peuvent remonter
jusqu'à l'origine de la Nouvelle-France, retrouver non seulement le nom du premier colon qui a fait
souche pour chacune d'elle, mais encore la province, le diocèse, la paroisse de France d'où celui-ci
tire son origine.
Ce qu'il a fallu de recherches incessantes et minutieuses, de patience intelligente et d'énergie
soutenue pour entreprendre, poursuivre et achever ce travail gigantesque qui a nom : Dictionnaire
généalogique des familles canadiennes, M. l'abbe Tanguay pourrait seul nous le dire. Qu'il nous
suffise de savoir que, pendant vingt-cinq années, cet historien a feuilleté, examiné, avec un soin
scrupuleux, tous les registres de toutes les paroisses canadiennes et des greffes de chaque district,
qu'il a consulté plus de 500,000 actes de naissance, qu'il a recueilli, classé, comparé, mis en ordre
toutes ces notes puisées aux sources les plus authentiques, et en a formé ces volumes, qui sont d'un
prix inestimable. Quoi de plus intéressant, en effet, au point de vue de l'histoire, que de suivre cet
épanouissement fécond du sang français sur le nouveau continent ! Quoi de plus utile, pour notre
pays lui-même, que de connaitre le nom de ces exilés volontaires, qui s'en allaient, encouragés par
Henri IV, Richelieu et Colbert, porter notre influence et notre civilisation au-delà de l'Océan!
Quoi de plus précieux que de posséder leur nom patronymique, les surnoms adoptés dans la nou-
velle patrie, les variations de ces noms, puis de retrouver les lignes directes, collatérales, les dates
authentiques des trois points du plus haut intérêt dans la vie de chaque individu : sa naissance,
son mariage et sa mort ! Au point de vue même de certaines successions, ce travail a encore une
utilité incontestable, car les familles y peuvent trouver dans un tableau clair et précis les membres
divers qui en font partie. Or, si l'on sait que chaque province, chaque département de France a
là-bas quelque représentant, de quel intérêt n'est-ce pas pour notre pays de consulter ce Diction-
naire généalogique !
L'espace nous manque pour entrer dans l'examen approfondi, détaillé de cet ouvrage, pour en
indiquer la classification, la méthode; ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'on ne peut voir rien
de plus simple, ni de plus ingénieux. La division en est aussi logique que possible. Elle comprend,
dans une première partie, l'histoire généalogique de toutes les familles françaises qui, de 1608 jusqu'à
1700 viennent s'établir sur les rives du Saint-Laurent. La seconde période s'étend depuis 1700
jusqu'à la cession du Canada à l'Angleterre par le funeste traité de Paris, 10 février 1763. Entin
une troisième partie indique l'accroissement successif des familles canadiennes jusqu'à nos jours.
Il serait injuste de ne pas rendre ici un public hommage au clergé qui a été, sur le continent
américain, le fidèle gardien de notre langue, le plus zélé défenseur des traditions de notre race.
Sans ressources, sans secours, en butte à toutes les tribulations et à toutes les oppressions, il a sou-
tenu le courage de nos compatriotes qui ont lutté jusqu'à épuisement et contre les hommes et
contre les éléments, pour maintenir fières et pures les traces de la patrie d'origine (1). Saluons,
(l) Aussi Mgr Tanguay avait-il su dédier dès l'origine^son ouvrage à V Eglise et a son Pays.