Page 62 - Notes historiques sur la banlieue de Québec. Le Quartier Belvédère. La paroisse de Notre-Dame-du-Chemin
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LETTRE DE QUEBEC
L'histoire ffune industie
(SERVICE SPECIAL A LA "PRESSE") a « d i:^ « s? ^
—Québec, 19. L'on ne cesse plus de men- ^-o . § C c -^ >
tionner les coins de Québec qui s'écroulent sous g (B « cr.s o5 o -S
le travail des démolisseurs et qui disparaissent. '^ ^ c q, «« ^^ s s
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Québec se renouvelle et dans certaines parties .•a-s « g E g s 2
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de la ville l'on ne se reconnaît plus. L'on se re-
connaîtra encore moins plus tard, du train dont
vont les choses. Ainsi, qui reconnaît la rue
Saint-Jean? Pas même ceux d'il y a cinq ans.
La face en est complètement changée. A plus
forte raison, ne s'y reconnaîtrait plus le bon Dr
Hubert LaRue, qui y faisait vers 1875 la . si
intéressante promenade qu'il a relatée dans une
petite brochure très rare aujourd'hui.
Et que d'encoignures où il se produit sou-
dain de vastes édaircies ! Ce sont des édifices
qui s'abattent.
Au coin des rues Richelieu et Saint-Augus-
tin, des murs sont tombés récemment et les pas-
sants ont été assez intrigués en voyant appa-
raître au milieu des ruines de ^os fourneaux
surmontés de hautes cheminées. Qu'y avait-il
là autrefois ? Répondons tout de suite que c'est
là que l'on fabriquait naguère le fameux ciment
Gauvreau. En voici l'histoire en raccourci.
En 1850, M. Pierre Gauvreau était archi-
tecte du gouvernement. Il avait découvert un
procédé pour fabriquer un ciment hydraulique
dont il obtint un brevet d'invention. Dans l'eau,
ce ciment acquérait la consistance du silex, et
cette substance pouvait faire concurrence au
ciment de Portland, le roi du ciment dans le
temps. La pierre destinée à la fabrication de
ce ciment provenait d'une carrière située en
arrière du marché Berthelot, dans la rue Saint-
Patrice. Il y eut là pendant quelques années un
centre d'activité remarquable. L'industrie du
ciment Gauvreau se développa avec succès. La
fabrique était pourvue de deux fourneaux d'une
capacité de 200 barriques et de deux autres
fourneaux à plâtre. Grâce à son outillage, M.
Gauvreau fabriquait annuellement de six à sept
mille barriques de ciment et cinq mille barri-
ques de plâtre à engrais.
Ce ciment Gauvreau, qui prit en peu de
temps une très grande popularité, était employé
surtout pour les grands travaux publics. Il
servit à la construction des principales culées
du pont Victoria, à l'édifice du Gazomètre, à
Montréal, à l'Hôtel du Gouvernement, aux forts
de Lévis, à plusieurs ponts de la province, à cer-
tains travaux du Grand-Tronc et de l'Interco-
lonial, etc.
Mais voilà qu'en 1886 s'éleva une violente
polémique scientifique entre l'ingénieur Gérard
Macquet et l'architecte Berlinguet, de Québec,
et l'on réussit par démontrer la supériorité des
ciments artifiidels, comme le ciment de Port- {
land, sur les ciments naturels, genre ciment
Oaiivreau. La discussion prit de l'envergure.