Page 99 - Notes sur les registres de Notre-Dame de Québec
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surabondante des états anciens ne trouvera plus à se
verser sur les plaines de l'ouest, et sera réduite à
vivre de misère ou d'émeute.

   La Nouvelle-France conserve ra-t-elle quelque débris
de la nationalité française ? La Louisiane, PAcadie,
l'Illinois, le Michigan sont devenus Anglais ; seul
sur ce continent, le Bas-Canada a gardé la langue,
les mœurs et les coutumes de la vieille France.
Placée sous un climat salubre mais sévère, ne pou-

vant jouir des avantages de la navigation que pendant
la moitié de l'année, à sa naissance harcelée par les
attaques incessantes des cinq nations iroquoises, la
colonie française du Canada a eu à lutter longue-
ment et péniblement, pour se maintenir sur le sol de
la patrie. Plus tard, en passant sous le joug de
l'ennemi le plus constant de la France, nos pères
purent un instant croire que c'en était fait de la

nationalité canadienne. Eh bien ! malgré le mau-

vais vouloir de quelques gouverne ars, et les per-
sécutions sourdes des mignons du pouvoir ; en
dépit des calomnies, des injustices, des insultes dont
elle a été abreuvée, la population franco-canadienne
s'est soutenue, s'est multipliée, et a pris sa part des
progrès matériels, en conservant précieusement sa foi,
sa langue et ses institutions. Bien des fois en la
voyant se relever fraîche et forte, à la suite des
succès obtenus par ses ennemis politiques, on aurait

pu repéter des paroles citées plus haut : " Cependant
on roule, et lorsqu'on pense être au fond d'un préci-

pice, on se trouve debout."

   La providence a amorti les coups dirigés contre la

population canadienne, lorsque celle-ci ne se comptait
que par centaines ; aujourd'hui, huit cent mille
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