Page 30 - Notes historiques sur la banlieue de Québec. Le Quartier Belvédère. La paroisse de Notre-Dame-du-Chemin
P. 30
(SERVICE SPECIAL A LA "PRESSE")
—QUEBTSC. 6. S?.'nte-Anne de Beaupré sera de
nouveau, cet été, le théâtre d'un grand nombre de mani-
festations religieuses édifiantes, vu que, nous dit-on, la
saison des nèlerina-yes s'annonce des plus fructueuses, i
Les demandes, en effet, affluent de partout, du Canada
comme des Etats-Unis, et l'on peut dire que n\a]^ré la
crise économique que nous traversons, les pèlerinages j
I
seront auf=si nombreux que par les années passées. Ainsi, ,
pas plus que la catastrophe qui, il y a quelques années,
privait le célèbre village" de sa magnifique basilique, la
j
crise ne nourra interrompre le culte historioue de sainte \
Anne. Au contraire, l'on annonce même des pèlerinages
(
organisés pour venir spécialement demander à la grande i
thaumaturge canadienne la cessation des misères !
Con?me on le sait, elle remonte dé,1à fort loin la '
renommée de notre "sainte Anne du Nord", car l'on a dit
,
longtemps Sainte-Anne du Nord au lieu de Sainte-Anne >.
de Beaupré. Dans nos campagnes, l'on dit simplement i
"la Bonne Sainte Anne". Au temps primitif, l'on disait ,
Sainte-Anne du Petit Cap. L'occasion est bonne, à '
l'ouverture de la nouvelle saison des pèlerinages, de
!
rappeler en quelques mots l'origine de cette pieuse dévo-
tion au Canada français. En 1658, un concessionnaire j
du Petit Cap, Etienne de Lessart, offrit à M. De Queylus, ;
qui était alors curé de Notre-Dame de Québec.un terrain
d'un demi-arpent de front et d'une lieue et demie de
profondeur. Il ne mettait d'autre condition à son don
que celle de commencer dans l'année même la construc-
tion d'une chanelle sur ce terrain. Cette proposition
fut acceptée le 8 mars 1658 et le 23 du même pois, M.
de Queylus envoya M. de Vignal bénir cette place de la
future chapelle, qui fut dédiée à Sainte-Anne d'Auray,
en Bretagne. Telle est l'origine de la basilique d'au-
jourd'hui.
Quant à celle des pèlerinages, elle remonte à quel-
ques années après la construction de la première cha-
pelle et elle est due à la foi et à la piété des Bretons.
Des marins bretons, en route pour la pêche à la baleine
dans le golfe et le fleuve Saint-Laurent, étant un jour
menacés de périr dans un naufrage, firent le voeu
d'aller porter un ex-voto dans la petite église de Sainte-
Anne du Petit Cap s'ils parvenaient à terre. Mais l'on
n'a jamais pu établir exactement si cet ex-voto primitif
existait dans l'ancienne basilique; "'on sait que l'on en
comptait bien d'autres très touchants et très anciens.
Ainsi, au-dessus de l'une des portes latérales de l'ancien
temple incendié, l'on voyait un petit tableau qui repré-
sentait un coin de forêt avec un homme écrasé sous un
arbre. Sur l'avant-scàne de cette peinture primitive,
l'on apercevait un petit chien qui avait l'air de fuir,
emportant un objet dans sa gueule. C'était tout sim-
plement le récit, en peinture, d'un Canadien-français
du nom de Dorval qui, un jour ancien, travaillait :seul
dans la forêt, avec son chien, aux environs de Tadous-
sac. Voilà qu'il est écrasé par nu arbre qu'il abattait.
Une jambe brisée ,il reste pris sous le tronc renversé.
N'attendant aucun secours, il se recommande à sainte
Anne qui lui inspira aussitôt un moyen de salut. Il
prend un morceau d'écorce, le trempe dans le sang de
sa plaie et le donne à son chien, en lui commandant de
s'en aller vers les habitations. Le fidèle animal com-
prend la pensée de son maître et court au poste de
Tadoussac, où son attitude inquiète et ce morceau
d'écorce intriguent les habitants. Des hommes suivi-
rent le chien, qui les guida près de son maître mourant.
Il guérit et vint en pèlerinage à Sainte-Anne du Petit
Cap déposer son ex-vovo.
Les naïfs petits tableaux ont été détruits et la nou-
velle basilique sera privée de ces objets qui n'en auraient
pcs été les moindres ornements. Pourquoi ne suggère-
rait-on pas d'en recommencer une autre série? Il y a
quelque temps, un groupe de Montagnais de la Rivière
Moisie, sur la Côte Nord, est venu à Sainte-Anne de
Beaupré accomplir un voeu qu'ils avaient fait alors que
l'hiver précédent, dans les solitudes de l'Ungava où ils
chassaient, ils ont failli périr de froid et de faim au
cours d'une affreuse tempête. Ils ont promis de venir à
S£t'nte-Anne et ont été sauvés. Quel beau sujet
d'ex-voto!
SAINTE-FOY.