Page 9 - 1689-1760 Registre journalier des malades de l'Hotel-Dieu de Québec
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REGISTRE JOURNALIER DES MALADES DE L’HÔTEL-DIEU DE QUÉBEC 1689-1760
La vocation des hôtels-Dieu est tout autre. Le « pauvre malade » y a sa place mais cette institution
n'est cependant pas réservée qu'au soin du corps: elle le transcende pour rejoindre l'âme.
Le Canada compte trois hôtels-Dieu au 18e siècle. Grâce au soutien financier de Madame de
Bullion, un hôtel-Dieu est érigé à Montréal. Fondé par Jeanne Mance, un « petit Hospital » est
établi dans le fort dès la fondation de Montréal en 1642 mais la construction d'un bâtiment
particulier ne débute qu'en 16442. Des Hospitalières de La Flèche le prennent en charge en 1659.
En 1734, le personnel comprend quarante religieuses et six domestiques. Les malades sont alors
« communement au nombre de 35 ou 40 des deux Sexes et la plûpart Sont traittés gratuitement »3.
Le support financier de l'évêque de Québec permet aux Ursulines de fonder, en 1697, un hôtel-
Dieu à Trois-Rivières. L'établissement doit être pourvu d'un minimum de six lits4. Les religieuses,
qui ont perdu six des leurs au cours d'une épidémie survenue durant l'hiver 1749-1750,
demandent aux autorités coloniales leur consentement pour cesser d'« Exercer L'hospitalité ».
L'intendant Bigot croit cependant que neuf religieuses devraient « suffire pour un aussi petit
hôpital, n'y ayant qu'une chambre de dix Lits »5.
Dès 1639, l'arrivée de trois Hospitalières de la Miséricorde de Jésus à Québec se traduit par la
fondation d'un hôtel-Dieu dans ce lieu. Ces religieuses viennent de l'Hôtel-Dieu de Dieppe que
cette communauté prit en charge au 12e siècle. Madame de Combalet, nièce de Richelieu et
duchesse d'Aiguillon, est la fondatrice de ce nouvel hôpital qu'elle souhaite au service des
Amérindiens, afin de contribuer à leur conversion et à leur salut6. Dans cet esprit d'évangélisation,
les Hospitalières s'établissent d'abord à Sillery, au coeur de la réserve créée par les Jésuites. Leur
séjour sera de courte durée, puisque la mission est bientôt désertée en raison du conflit qui
s'intensifie entre les Français et les nations iroquoises. En 1644, les religieuses gagnent Québec et
cette année marque le début des travaux de construction de l'Hôtel-Dieu. Détourné de sa vocation
première, l'Hôtel-Dieu n'accueille plus qu'une rare clientèle autochtone qui représente moins de
4% des admissions à la fin du 17e siècle et moins de 1% en 17447.
L'Hôtel-Dieu de Québec au milieu du 18e siècle8
Bien situé à la Haute-Ville, l'Hôtel-Dieu occupe environ neuf arpents de terre à l'est du
promontoire. Les lieux sont bien aérés et calmes quoique facilement accessibles. Le site se partage
entre les propriétés des Pauvres, qui comprennent l'hôpital proprement dit, et celles des
religieuses, centrées sur le monastère.
Les bâtiments
Depuis le concile de Trente (1545-1563), toutes les communautés religieuses féminines doivent
vivre cloîtrées. Les Hospitalières s'y obligent par la profession de leurs voeux9. Cette contrainte
influence l'architecture des lieux. Un mur entoure donc les bâtiments de la communauté, l'hôpital
et les bâtiments annexes. Les religieuses n'ont pas le droit de sortir de cette enceinte.
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