Page 19 - Dictionnaire Généalogique des Familles Canadiennes - Volume I
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qu'un fait ignoré. Faites de la littérature, tout obéit à votre imagination : vous
êtes le maître, le créateur. Entreprenez de raconter l'Histoire : après des années
de recherches, vous croyez avoir mis chaque chose à sa place, tiré les conséquences
les plus naturelles, les plus légitimes des connaissances acquises par vos études.
Mais vous ne pourrez être en sûreté, tant que vous n'aurez pas sondé pouce par
pouce le terrain sur lequel vous marchez. Autrement, une mine éclatera au

moment où vous y pensez le moins, détruisant l'édifice élevé à grands frais. Le
personnage que vous faisiez agir à telle époque, n'était pas encore né, ou se trouvait
mort depuis longtemps. Celui que vous faites mourir se trouve encore témoin
à une foule d'actes. Vous rapportez à une seule administration ce qui a eu lieu

sous deux administrations différentes. Quel est l'historien qui peut dire au frontis-
pice de son œuvre : Je suis sur de ne m'être pas trompé ?

      Parmi les renseignements dont l'absence peut causer un grand nombre d'er-
reurs, les plus utiles sans contredit sont ceux qui constatent l'existence, l'âge, la
demeure des personnes qui figurent dans un récit. Nos écrivains salueront avec
bonheur, je l'espère, un ouvrage qui abrégeant considérablement leurs recherches,
fera en quelque sorte disparaître les distances et décuplera le temps, si précieux
pour leurs travaux. Mais ce qui leur sera peut-être le plus agréable, c'est que par
là, ils verront tomber cette barrière de l'inconnu, jusqu'à présent trop souvent

impénétrable.

       L'historien de la Colonie Française en Canada, le regretté M. î'aillon,

n'avait pu découvrir l'acte de mariage de la mère de Mme. d'Youville avec
M. O'Sullivan. Ou sait cependant, avec quel soin attentif, il avait étudié nos
archives. Écrivant la vie de la sainte fondatrice des Sœurs Grises, il tenait natu-
rellement à donner sur sa famille, tous les détails d'une certaine valeur. Il avait
bien constaté le fait du mariage ; mais il en ignorait l'époque et le lieu. Il faut
avouer que le hasard seul l'aurait mis sur la voie. C'est à la Pointe-aux-Trembles
près de Québec, que M. O'Sullivan avait épousé Mme. veuve Dufros de la Gemme-
rais, née Gauthier de Varennes. On ne comprend pas pourquoi, habitant tous deux
 le Gouvernement de Montréal, ils étaient allés s'unir dans un endroit si éloigné.
 Dans tous les cas, l'historien de nos jours se trouve aussi déçu que le furent proba-
 blement alors les contemporains de ces deux vénérables personnes.

      Je pourrais multiplier les exemples de ce genre. Qu'il me suffise de rappeler
 deux noms chers à l'Histoire du Canada, ceux de Sir Hippolyte LaFontaine et du
 Commandeur Viger.

      On sait que le premier, aussi distingué comme homme d'Etat que comme

 juriste, s'occupait de recherches généalogiques, au milieu des travaux qu'il avait
 entrepris pour l'histoire du Droit en Canada. C'était pour lui, une véritable

 jouissance, comme il le disait à ses amis. Mais en même temps, il se plaignait

 d'être souvent arrêté, et de ne savoir où aller chercher l'acte qui lui manquait
 pour unir les deux anneaux d'une chaîne généalogique. Quanta M. Viger, c'est
 à lui que revient l'honneur d'avoir entrepris, un des premiers, la tâche laborieuse
 de contrôler le récit de nos historiens et annalystes. L'histoire des familles, leurs
 lignées, leurs alliances a nécessairement attiré son attention. Tout le monde sait
 que, pour ce genre de recherches, il ne reculait pas devant les sacrifices. 11 y a
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