Page 23 - Dictionnaire Généalogique des Familles Canadiennes - Volume I
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reconnaît, mais qu'elle ne saurait donner. Pierre Boucher, Charles LeMoyne,
François Hertel, et quelques autres qu'il serait très-facile de compter, ont été
anoblis. Deux ou trois à peine ont reçu un titre. Ils l'avaient bien mérité du
reste. Jolliet, moins heureux que La Salle, n'a jamais obtenu de lettres de noblesse.
Cependant, il n'y a personne qui ne tiendrait à honneur de faire remonter sa
famille jusqu'à lui, plutôt qu'à sou heureux concurrent, Gavelier de la Salle,
lequel fut anobli en 1675. Les compagnons de DoUard, Brassier, Hébert, Bois-
seau, Desjardins, Desforges, Lecomte, étaient des enfants du peuple, de simples
ouvriers; mais ils ont illustré leurs noms.

              III

La Religion, plus riche que l'Etat, récompense tous ceux qui se sacrifient pour

Aelle.  ceux-ci, elle décerne la couronne des martyrs; à leurs enfants, aux

autres parents, elle laisse une gloire qui brille encore après plusieurs siècles. Les

noms de Couture, de Goupil, de Brigeart, de Laliberté, et de cent autres, rappelleront

toujours le courage de ceux qui combattaient pour la vérité aux premiers siècles

de l'Eglise.

     Comment ne pas aimer ces noms? ne les pas reclamer comme le plus bel

apanage de famille ? Ecoutons le récit d'un de ces martyrs, le jeune Hertel, le
pauvre Fauchon des Relations, et que l'on dise si cette lettre ne vaut pas, et pour
celui qui l'a écrite, et pour ceux qui y sont nommés, les parchemins les pins
authentiques.

       " Je n'ai plus presque de doigts, ainsi ne vous eslonnez pas si j'écris mal. J'ay

bien souffert depuis ma prise mais j'ay bien prié Dieu aussi. Nous sommes trois
                                                                                                                                                                  ;

François icy, qui avons resté tourmentez ensemble, et nous nous estions accordez,
que pendant que l'on tourmenteroit l'un des trois, les deux autres priéroient Dieu
pour luy, ce que nous faisions tousiours : et nous nous estions accordez aussi, que

notre cher el bien amé le Sieur René Hudert, et de ses sens, suffisance, capacité, prud'homie et expé-
rience au fait de la pratique, a ces causes et autres à ce nous mouvans, Nous, luy avons donné et
octroyé, donnons et octroyons par ces présentes signées de nostre main le d. office de greffier de la
Mareschaussée do noslrc ditte ville de Québec dans la Nouvelle-France, pour le dit office, avoir ;
tenir et exercer, en jouir el user aux honneurs, authoritez, prérogatives, droits, proffits, revenus el
esmolumens audit office appartenans et ce tant qu'il nous plaira ; Si donnons en mandement à Nos
amez et féaux les officiers de notre Conseil Souverain estably en la dite ville de Québec, qu'après
leur estre apparu des bonnes vye et mœurs, âge compétant, religion catholique, apostolique et
romaine du d. Sieur Hubert, et de luy pris et reçeu le serment en tel cas requis et accoutumé, ils le
mettent et instituent, ou fassent raetli-e ou instituer de par Nous en possession du dit office et le
fassent obéir et entendre de tous ceux et ainsy qu'il appartiendra ez choses concernant le d. office,
CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR.

      En Tesmoiu de quoy nous avons fait mettre nostre Scel à ces d. présentes.
      Donné à Versailles, le vingtième jour du mois d'Avril, l'an de grâce, mil sept cent et de nostre
Règne, le cinquante septième, signées LOUIS, et plus bas, par le Roy Phelipeacx et scellées du grand

Sceau en cire jaune.

      Registrées suivant l'arrêt du conseil de ce jourd'huy, par moy greffier en chef en iceluy soussigné,

          A Québec, ce 15« Novembre .vil sept cent.
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