Page 16 - Dictionnaire Généalogique des Familles Canadiennes - Volume II
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      Il y a encore les difficultés techniques de la justification ; mais il n'est pas néces-
saii-e d'insister davantage. Le lecteur bienveillant aimera mieux attendre et savoir

qu'il peut se fier complètement au livi*e lorsqu'il le consultera.

L'ouvrao-e entrepris par M. l'abbé Tanguay est vraiment colossal et unique en

son genre. Il donnera la généalogie de toutes les familles canadiennes, depuis

l'établissement de la colonie jusqu'à nos jours : ce sera notre Livre dor, avec cette

différence qu'à Yénise, on ne tenait  compte  que  des  familles  nobles                                mais  dans  ce
                                                                                                     ;

Dictionnaire, la famille la plus humble figurera comme les plus illustres. Leur

commune gloire sera d'être venues sur cette terre lointaine apporter la civilisation

et implanter une race vertueuse et énergique.

       L'exécution d'un pareil ouvrage offrait sans doute certaines facilités relatives.
I^ous sommes assez près des origines, puisqu'aucune de nos familles ne remonte au-
delà de 1608. Plus tard, nous aurions été dans les conditions des autres peuples où
les origines se perdent après quatre-vingts ou cent ans.

       Chez les anciens, les Juifs avaient des tablettes généalogiques très exactes. Ils
les conservaient avec un soin jaloux. Dans les guerres, les persécutions, la captivité,

ils cachaient ces tablettes avec le même empressement qu'ils mettaient à soustraire

les vases sacrés à la profanation des payens. Malheureusement elles n'ont pu
échapper aux usurpateurs qui avaient intérêt à les détruix-e. Les Juifs n'ont guère,
aujourd'hui, de généalogies certaines, que celles qui se trouvent dans l'Ecriture Sainte.

      Dans les temps modernes, l'Islande, cachée dans les brumes du Nord, peut se
vanter de posséder seule, croyons-nous, des généalogies de ses principales familles,
mais non de toutes. L'origine, sans doute, en remonte assez haut. Il y a un orgueil
bien légitime à établir authentiquement sa généalogie à travers dix siècles et plus,

comme Torswalden, une des gloires de la statuaire, lequel prétendait descendre des

premiers découvi-eurs de l'Amérique. Mais les Islandais, emprisonnés dans leur île,

naissant et mourant daus la même hutte, peuvent assez facilement i*ecueillir les

traditions de la famille et conserver les noms de ceux qui l'ont composée.

      En Canada, principalement aux origines de la colonie, que de vicissitudes et de
migrations dans la vie d'un homme ! Né à l'extrémité oi'ientale du Cap-Breton, il

se mariait en passant à Québec, et s'en allait mourir au Détroit ou à la Nouvelle-
Orléans. M. Tanguay a voulu suivre, autant que possible, chaque individu à travers
ces pérégrinations, et a indiqué le théâtre où s'est accompli chacun des actes solen-
nels qui marquent l'existence de tout homme. Mais cela ne suffit pas.

Une personne peut avoir joué un rôle assez important dans le pays, pendant un

séjour de quelques années. Elle ne s'est pas mariée au Canada et n'a pas formé

tige parmi nos familles, comme MM. d'Avaugour, de Tracy, etc.; mais son nom est

inséparable de notre histoire: il est d'ailleurs consigné aux registres. M. Tanguay

devait nécessairement le faire entrer dans \o Dictionnaire. Le personnage est obscur ;

aucun souvenir brillant ne le tirera de l'oubli n'iojporte. Il a été parrain, témoin à
                                                                                                                                                                                                                                                                                 ;

Unune sépulture. Sa présence sera constatée.       jour, quelque membre de sa famille,

un historien peut-être, sera très heureux de découvrir, sans trop de recherches, des

traces de son existence.
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