Page 33 - Dictionnaire Généalogique des Familles Canadiennes - Volume I
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succéder immédialemonl au système Romain. Le            l'imposition du nom avait lieu, comme par le
nom de ba]it6me romplaoanl le prénom, est suivi
du nom, celui de la famille, auquel su joint souvent    passé, le huitième ou le neuvième jour après sa
un surnom, qui dans l'origine, a dû rappeler lo lieu    naissance. La coutume aurait donc été bien rare-
de la naissance ou du séjour liabilucl, le nom d'un     mont modifiée par l'innovation religieuse, si, avec
domaine, d'une seigneurie réelle, ou imaginaire.        celle-ci, elle n'eût conservé un usage, né aux pre-
                                                        miers join-s ilu christianisme, et auquel diverses
    L-s peuples, qui sur les débris de l'empire         circonstances ayaienl donné une grande extension.
romain, fondèrent tant de royaumes, quelques-uns
doués par le sort d'une heureuse stabilité, d'autres        Présentes par les zélateurs de l'ancienne reli-
                                                        gion, les chrétiens, avant d'accueillir un prosélyte,
destines à sn dissoudre et à s'écrouler successive-     qui pouvait n'être qu'un traître et un délateur,
ment, les Francs d ins les Gaules, les Saxons en        voulaient qu'un chrétien répondit do la pureté de
Angleterre, et, dans l'Espagne et l'Italie, les Goths,  sa croyance et de ses intentions ; le répondant
les Suèves et les Lombards, tous en un mol, n'ap-       était un parrain ou une marraine, suivant le sexe
portèrent au sein de leurs conquêtes, que des           du néophyte.

noms individuels.                                       La persécution cessa : la formalité dont elle
    Lo christianisme né dans un coin de l'Asie,
                                                        avait  faite  un  besoin  subsista                                                    et  elle  dut  paraître
courbée alors sous le joug des Romains, avait sub-                                                                                         ;
jugué Rome, devenu la religion de l'empire, les
barbares qui conquéraient l'empire furent à leur        aussi nécessaire que jamais, dès qu'on admit les
tour sa conquête, et barbares et romains, tous
durent désormais recevoir leurs noms du christia-       enfants au baptême,longtemps avant qu'ils pussent
nisme.
                                                        connaître ce qu'ds devraient croire un jour. Le
    Mais l'habitude, fille du temps, ne résigne guère
qu'au temps le pouvoir qu'elle a reçu de lui ; et       parrain, la marraine se rendirent cautions devant
jamais ce pouvoir n'agit avec plus de constance,
que sur le choix des noms propres qui s'identifient     l'Église et devant Dieu, de l'instruction future de
à notre personne et à notre vie entière.
                                                        l'enfant et de sa foi soumise, ils devinrent en
    L'Eglise chrétienne avait de bonne heure
témoigné le désir que les noms des enfants              quelque sorte ses ]. ère et mère aux yeux de la reli-
qu'elle adoptait fussent puisés dans ses fastes, et
consacrés par elle ; les Hébreux, les Grecs, les        gion. Cette adoption, spirituelle, assez puissante
Romains au milieu desquels avaient vécu les pre-
miers hommes dont la sainteté l'édifia, et qui dès      pour entraîner un empêchement au mariage,
iors pouvaient plus facilement se ployer à sa
volonté, furent longtemps néanmoins avant d'y           imposait encore le devoir de protéger et d'aimer le
obéir avec une docilité parfaite.
                                                        commefilleul      un fils ; on la célébrait en lui fai-
   St. Jérôme au IVme. siècle se plaignait élo-
quemment de celte résistance au vœu de la piété-        sant, dans la personne de ses parents, des dons

   St. Grégoire-le-Grand, à la fin du Vlme. siècle,     proportionnés ù la difi'érence des fortunes.
voulut y mettre un terme, en transformant en
précepte, ce qui n'avait été jusques-là qu'un con-         Sous plus d'un rapport cette adoption se rappro-
seil et une recommandation. Ce précepte, inséré
dans son Sacramentaire, n'entraîna pas d'abord          chait de, celle qui avait existé chez les romains.
une obéissance générale.                                Il sembla donc naturel, que le parrain, s'associant
                                                        aux droits ainsi qu'aux devoirs du père, transmit
   La persévérance des chefs du culte devait cepen-
dant finir par triompher.                               son nom au filleul, en déterminant celui qu'il
                                                        devait recevoir, c'est ce qu'il no pouvoit faire que
   Le sacrement qui rouvre à l'homme l'entrée du
ciel n'avait point été, dans l'origine, accompagné      sous les auspices de la religion : la religion dès
de la cérémonie d'imposer un nom au néophyte            lors influa souvent sur le choix. Les papes et les
que regénérait l'ablution salutaire. Longtemps on       évèques s'honoraient d'être les parrains des princes
tendit les approches de la mort et la certitude         et des grands seigneurs ; les religieuses se firent
d.'èchapper, en cessant de vivre, au risque de con-
tracter de nouvelles souillures, pour revêtir la        longtemps un devoir de rendre le même olfice aux
robe blanche et solliciter le baptême. Longtemps
l'Église condamna en vain le calcul de ces hommes       enfants exposés par leurs parents, les uns et les
qui ne voulaient renoncer au vice qu'en renonçant       autres laissaient sans doute, le moins possible,
à la vie. Lorsque la crainte d'être surpris par la      échapper ces occasions d'étendre un usage que
mort, avant d'avoir reçu le sacrement régénérateur      l'église voulait rendre universel. Enfin, quand le
eut enfin assuré la victoire, la crainte pieuse que     baptême fut administré, sans distinction de jour
les par'ents éprouvaient pour eux-mêmes, pou-           ni d'heure, quand la piété rendit responsables du
vaient-ils ne la point ressentir pour leurs enfants ?   salut de leurs enfants les parents qui din"éraient
                                                        cette importante cérémonie, l'imposition du nom
   Que de larmes coulaient sur ceux qui, ravis          en devint une partie essentielle, le nom dût être
prématurément au jour, se trouvaient en même            béni par l'Eglise, et choisi dans le nombre do
temps exclus durovaume des cieux ! L'Église per-        ceux que consacrait sa vénération, afin qu'en pla-
mit de conférer le baptême aux enfants ; mais le        çant l'enfant sous la protection d'un patron céleste,
sacrement n'était administré que deux fois l'année,
aux fêtes de Pâques et de la Pentecôte, tandis que      il attestât toute sa vie, cette auguste clîenlèle.
                                                           Si la coutume d'adopter des noms de saints a

                                                        prévalu, ce n'est pas que longtemps on n'y ait
                                                        dérogé. Les rois, les princes, quelle que fut leur
                                                        dévotion, tenait aux noms nationaux que le peuple
                                                        était habitué à révérer. Averti d'ailleurs par le
                                                        secret qui identifie le nom à la personne, comment
                                                        l'homme puissant n'eut-il pas répugné à se con-
                                                        fondre avec le vulgaire sous un rapport si essen-
                                                        tiel ? Et quand on croit, sur la terre, former une
                                                        esjièce à part, ne doit-on pas s'attribuer une classe

                                                        spéciale de patrons.

                                                           Le christianisme qui apprend aux hommes à se
                                                        croire tous égaux devant Dieu, les rendait ainsi
                                                        égaux sur la terre, autant du moins que le com-

                                                                                                                                                2*
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