Page 31 - Dictionnaire Généalogique des Familles Canadiennes - Volume I
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APERÇU

      ETYMOLOGIQUE ET HISTORIQUE SUR LES NOMS.

Notre nom propre, a dit M. Salvcrle, (I)

C'est nous-mùraes : dans notre pensée, dans la                                                                                                                                                                      1" Système des noms indviduels et
pensée de ceux qui nous connaissent, rien ne peut                                                                                                                                                                                        significatifs.
en séparer notre idée ; on le prononce et soudain

blâme ou éloge, menace ou prière, haine ou alTec-                                                                                                                                                                   Les noms furent d'abord individuels. Chez les

tion; c'est nous qu'atteignent les idées et les sen- Hébreux, chaque individu avait son nom, ainsi :

timents que l'on y attache. Quelques syllabes Adam, Moise, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, etc.

insigniiiantes, ou dont le sens ne s'applique, dans                                                                                                                                                                 Ces noms avaient chacun leur signification :

aucun rapport, à l'homme qu'elles désignent, suf-                                                                                                                                                                   Adamainsi  signifie terre rouge. Moïse signifie

fisent néanmoins pour réveiller inévitablement le sauvé de l'eau, etc. Les quatre lettre A. D. A. M.
souvenir de cet homme, celui de son aspect i)hy- sont les initiales des noms que poi-tenl en grec,

sique, de son caractère moral, des actions et des les quatre points cardinaux [Anatole, Dijsis, Arctos,

événements  les                                                              plus                                remarquables  de                                                        sa  vie                    Mesembria.) cela voudrait-il prouver que Dieu
                                                                                                                                                                                                                 ;

quelques syllables suffisent pour rouvrir la source forma Adam d'une terre ramassée au levant, au
des larmes d'une mère, distraite un moment de sa couchant, au nord et au midi? (cette opinion a

perte par le temps, ou la consolation ; elles rallu- été émise par un théologien que cite Labrunie. (1)

ment dans les yeux d'un ennemi le feu de la colère,                                                                                                                                                                 Les indigènes de l'Amérique n'ont encore que

et pour l'ami, absent de son ami, elles renouvellent cette manière de se nopimer.

à la fois, et le regret et l'espérance.                                                                                                                                                                             Chez les Hébreux et les Grecs tous les noms

De toutes les manières de distinguer un indi- sont significatifs, tous émanent d'une cause par-

vidu, la plus naturelle, celle qui se lie le mieux à                                                                                                                                                                ticulière, la piété, le souvenir d'un grand événe-
l'identité du nom et de la personne, est, ce semble,                                                                                                                                                                ment, l'aspect frappant d'une qualité personnelle,
de lui donner un nom qui rappelle ses qualités                                                                                                                                                                      un heureux présage, le hazard, l'amitié, enfin et

les plus apparentes.                                                                                                                                                                                                la reconnaissance.

Les noms ont du avoir pour origine ces quali-                                                                                                                                                                       Tel est le besoin de lier une idée au nom que

tés : Le Grand, Le Petit, Le Blond, Le Brun.                                                                                                                                                                        l'on prononce, que les indigènes de l'Amériquo

La société devenant plus nombreuse, l'indica- Septentrionnale donnent un nom tiré de leur

tion de ces qualités devint insuffisante. Alors les propre langue à l'étranger digne de fixer leur

actions marquantes, les travaux, les goûts, les attention : le nom qu'il porte dans son pays ne le
habitudes, les vertus, les défauts moraux ou phy- désigne pas assez pour eux, pai-ce qu'il ne leur

siques fournirent des noms que bientôt on se rappelle aucune idée qu'ils puissent associer à sa

trouva contraint de reconnaître et d'adopter.                                                                                                                                                                       personne.

D'autres noms ont pour origine la place que                                                                                                                                                                         Dans les Relation des Jésuites, nous trouvons

l'on occupe dans la famille ou dans la société, le plusieurs exemples de ces noms.

lieu de l'habitation, ou le voisinage qui le rend                                                                                                                                                                   Le Sultan de Maseate prenant pour médi'cin un

remarquable.                                                                                                                                                                                                        italien, lui demande comment il s'appelle " Vin-

Un a souvent appelé une simple propriété, du cenzo " "Je ne te comprends pas, dis-moi la signi-

nom de son possesseur, et plus lard, de celte dési- fication de ce mol en arabe. L italien le traduit

gnation locale, est né un surnom individuel, ainsi : par Mansour, victorieux ; et le (irince charmé
Guillet de la Guillelière ; Gauchet de la Gauche- de l'heLi'eux prf-sage attaché à c tte dénomina-

tière ; Boucher, de Bouchervilîe ; Lemoyne, de                                                                                                                                                                      tion, n'appelle plus son médecin que Chkik Man-

Châteauguay                                                                  Fleury,                             Deschambault                                                            Pecody                     SOUH. (2|
                                                                          ;                                                                                                           ;                                Ce système s'est conservé pendant bien des

de Contrecœur.                                                                                                                                                                                                      siècles et aujourd'hui on le trouve encore chez plu-

Le hazard à qui, de tant do manières, les hommes

aiment à se conlier, a souvent ilelcrminé liinpo- sieurs nations.

suion des noms, de sorte que si l'on voulait seule-                                                                                                                                                                 Les peupli's du nord surtout le suivaient dans

ment considérer le son des mots et les ratta- leurs appellations indiviikielles. 11 senit facile

cher, sans réflexion, aux mots français ou ia- d'en donner une foule d'pxempli'S ; mais il vaut
tin; qui nous sont familiers, ce serait s'exposer pi'Ut-êlre mieux donner les racines d"s noms les

à des mé|irises ridicules, et fdre preuve de légè-                                                                                                                                                                  plus usités chez les saxons et les Scandinaves. La
                                                                                                                                                                                                                    liste qui suit pourra iiermellre au liCleur de faire
reté  ou d'ignorance                                                                                             comme   il  arriva à                                                    un pré-                    plusii'urs rapp.rochHm"nts irès-intéiessants soit
                                                                                                              ;

tendu anti(|uaire qui dans le nom Marigny, n'y

Voyait que du feu                                                                                                iynis.                                                                                             dans les noms individuels soit dans les noms de

—(1) Ks5Bihi?lorique et philosophique su ries noms d'hommes.                                                                                                                                                        (t) Entretiens historiques et critiques Ire, partie, page 34.
    Nous avons suivi et analyse pour ce premier chapitre,                                                                                                                                                           (2) Nouvelles annales des voyages, (t. 8 p. 6.) Paris, I8I9.
l'excellent travail de M, Salverte.
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