Page 17 - 1689-1760 Registre journalier des malades de l'Hotel-Dieu de Québec
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REGISTRE JOURNALIER DES MALADES DE L’HÔTEL-DIEU DE QUÉBEC  1689-1760

Par l'analyse de 47 testaments faits par des malades hospitalisés, le profil socioprofessionnel des
malades admis à l'Hôtel-dieu de Québec entre 1700 et 1760 apparaît très diversifié et confirmerait
les témoignages des contemporains. On y retrouve des ecclésiastiques, des militaires, un
marchand, des employés du roi aussi bien que des artisans, des habitants, des domestiques et des
veuves. De même, les patients proviennent de la ville, des campagnes et de France.

Les renseignements fournis par les testaments sont fort instructifs à plus d'un égard mais cette
source comporte une certaine distorsion30. Les hommes, les citadins et les notables sont
surreprésentés. De fait, ce n'est vraiment que par l'analyse des registres d'admission que l'on peut
cerner de très près le profil de la clientèle de l'Hôtel-Dieu de Québec. Nous utiliserons les travaux
de François Rousseau pour la fin du 17e siècle et nos compilations pour 1744. L'existence de
sources documentaires exceptionnelles, dont en particulier le dénombrement nominatif des
habitants de Québec par le curé Jacrau, alliée à une situation sanitaire qui n'a rien d'exceptionnelle
pour la décennie qui suit 1740, nous ont incité à étudier plus en détail cette année.

Entre le 1er juin 1689 et le 13 septembre 1759, 42 114 entrées sont enregistrées dans les registres des
malades, ce qui représente une moyenne de 600 admissions par année31. Si les deux sexes sont
représentés, on se rend cependant rapidement compte que cette population malade est composée
aux quatre cinquièmes d'hommes, parmi lesquels les « gens de métier, les domestiques, les
habitants figurent au premier rang ». Les militaires (officiers, sous-officiers et soldats) et les
matelots représentent le tiers de ces malades masculins, auxquels il faut aussi ajouter les
ecclésiastiques.

La population féminine hospitalisée tend à décroître et aucune femme n'occupe l'hôpital entre les
années 1757 et 1759, les lits étant tous réservés aux militaires. Entre 1689 et 1698, les trois quarts
des hommes hospitalisés ont moins de 38 ans et les femmes, moins de 41 ans.

En 1744, 657 admissions impliquant 535 patients différents sont inscrites dans les registres. Les cas
de séjours répétés dans une même année ne sont donc pas rares. Certains malades ont été admis
jusqu'à trois fois.

Les 535 malades se répartissent comme suit: 369 hommes, soit 69%, et 166 femmes, soit 31%. L'âge
moyen est de 29 ans pour les hommes et de 30 ans pour les femmes. Quelques enfants sont
également admis à l'hôpital au cours de cette année. Toutefois, aucun malade n'est âgé de moins
de sept ans.

En Anjou, la faible durée du séjour est un fait observé dans tous les hôpitaux de la région. Ainsi, à
Saumur, durant le premier trimestre de 1706, le temps de séjour à l'hôpital des malades qui y
décèdent est de 21 jours et de ceux qui en sortent vivants atteint 19 journées32. A l'Hôtel- Dieu de
Québec en 1744, la durée moyenne de l'hospitalisation est du même ordre, soit de 21 jours.

D'après les déclarations faites au moment de l'admission, un peu moins de la moitié des malades
hospitalisés en 1744 sont originaires de l'extérieur de la colonie, essentiellement de France. Un
quart des patients sont natifs de la ville de Québec et un autre comprend des malades nés au
Canada mais en dehors de la capitale. Ces derniers sont venus au monde principalement dans la
région circonvoisine de Québec, essentiellement de Charlesbourg (23), de Saint-Augustin (13), de

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