Page 20 - 1689-1760 Registre journalier des malades de l'Hotel-Dieu de Québec
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REGISTRE JOURNALIER DES MALADES DE L’HÔTEL-DIEU DE QUÉBEC  1689-1760

& des petites robes, ou manteaux de repas, ... (et) qu'il y ait pour chaque lict une petite table, un
couteau, une fourchette, une cueiller, ... de la vaisselle, & du linge »36.

La situation devait cependant se compliquer en période de crise. Les épidémies et l'arrivée des
navires contribuent à transformer radicalement l'aspect de l'hôpital, qui révèle alors son exiguïté.
Tous les espaces disponibles sont occupés par les malades, les mansardes comme les greniers.

L'occupation de l'hôpital varie considérablement non seulement au fil des ans, mais aussi en
fonction des saisons. L'été, la capacité d'accueil atteint un seuil critique et parfois même est
largement dépassée. Ainsi, de 1667 à 1696, si le nombre moyen de malades est de 31 par jour, il
dépasse les 35 au cours des mois de juillet à septembre et au cours du mois d'août, plus de 38
patients occupent les salles. Pour la même période, les mois de janvier et de mai comptent 10
malades de moins. Pour la période suivante, le nombre des hospitalisés augmente
considérablement. Ainsi, de 1729 à 1758, la moyenne est de 54, soit près du double de la période
précédente. Encore une fois, les mois d'août à octobre atteignent un sommet avec environ 60
patients en moyenne par jour37.

Quoique l'hôpital soit un lieu qui fasse peur à beaucoup de gens, il est faux de croire que c'est un
endroit où l'on meurt massivement. Entre 1689 et 1698, 93% des hommes et 96% des femmes
soignés par les religieuses survivent38. Pour l'année 1744, pour 657 admissions, l'on compte 604
patients qui sortent vivants de l'institution, soit 92% des patients. L'Hôtel-Dieu de Québec n'est
donc pas l'antre de la mort et la mortalité y est sensiblement la même que dans les hôpitaux
français, métropolitains ou coloniaux, ou britanniques de taille similaire39.

Un univers bien réglé

Des règlements régissent les contacts de l'hôpital avec le monde extérieur, que l'on souhaite limiter
le plus possible. La Constitution de 1666 souligne que les malades peuvent recevoir des visiteurs,
« pour leur consolation, & pour les assister de quelques aumosnes spirituel les ou corporelles »40.
Ces visiteurs doivent se présenter aux heures les moins « incommodes » pour les religieuses. De
même, ne sont admis en dehors des heures prescrites que ceux qu'appelle à l'hôpital une cause
urgente « comme de reconciliation avec un malade en peril de mort, ou à ses plus proches, qui
desireroient assister à sa fin, le tout neantmoins avec congé de la Mere; laquelle ne permettra que
tres-rarement, qu'ils y passent la nuict »41.

Dans leurs contacts avec les visiteurs, les religieuses sont tenues d'observer la plus stricte
retenue42. Elles doivent avoir soin « de (leur) donner bonne édification », car le moindre désordre
risque de scandaliser les séculiers. L'Hospitalière doit conserver cette même attitude à l'égard des
ecclésiastiques.

Le service des repas aux malades est empreint d'un cérémonial auquel les règlements et les
constitutions des différentes communautés donnent une certaine similitude, que ce soit en France
ou dans la colonie43. Soulignons par ailleurs qu'à l'Hôtel-Dieu de Québec, ce rituel devait perdurer
jusqu'à la première guerre mondiale44.

L'alimentation hospitalière était plus diversifiée que l'alimentation populaire à la même période45.
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