Page 18 - 1689-1760 Registre journalier des malades de l'Hotel-Dieu de Québec
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REGISTRE JOURNALIER DES MALADES DE L’HÔTEL-DIEU DE QUÉBEC 1689-1760
la Petite Rivière Saint-Charles (9) et de l'île d'Orléans (8). L'Ancienne-Lorette, Sainte- Foy, Saint-
Nicolas, Montréal, l'Ile d'Orléans, Neuville, Saint-Antoine-de-Tilly, Beauport, Beaumont
fournissent chacun entre trois et six patients.
Puisque les malades déclarent généralement leur lieu de naissance plutôt que celui de leur
résidence et que nombre d'entre eux ont laissé peu de traces dans les archives, déterminer l'endroit
où ils sont établis nécessite un recoupement avec plusieurs types de sources dont les registres
d'état civil, les archives notariales et les recensement. Le dénombrement paroissial de Québec
effectué par le curé Jacrau en 1744 constitue la source la plus prolifique pour cette année mais il
comporte de nombreuses lacunes et, entre autres, les soldats et les institutions religieuses ainsi que
leur personnel ne sont pas énumérés.
Cependant les données du dénombrement permettent tout de même de constater que les résidents
de Québec accaparent la majorité des lits. En 1744, un minimum de 204 malades sur les 535 admis
proviendraient de Québec. Bien que nous n'ayons pas l'information pour chaque individu, nous
pouvons considérer les militaires et les employés du chantier naval royal comme résidant dans la
capitale canadienne. Ces catégories permettent ainsi de grossir le rang des habitants de Québec de
204 à au moins 284. Compte tenu des lacunes du recensement, des personnes décédées avant sa
confection et des problèmes liés à l'identification précise des malades, il est probable que les deux
tiers des malades proviennent de la ville de Québec. Parmi les autres, au moins 12% seraient des
Français de passage, essentiellement des matelots des navires du roi. La relation entre l'Hôtel-Dieu
et le monde rural apparaît comme très faible, impliquant moins de 20% des malades,
probablement moins de 10%, et se limitant presque exclusivement à des individus des environs
immédiats de Québec. En fait, cette institution apparaît comme une institution principalement au
service des gens des environs immédiats de Québec et surtout de sa population urbaine, qu'elle
soit établie à demeure ou de passage.
Selon certains témoignages contemporains et suivant l'image que projettent les testaments de
malades admis à l'Hôtel-Dieu de Québec, cette institution serait ouverte à toutes les catégories
socio-professionnelles. Toutefois, la réalité est plus nuancée. L'utilisation du dénombrement de
Québec confectionné en 1744 permet de retracer les activités professionnelles de plusieurs malades
même si les mentions de profession manquent pour 44% des travailleurs. Des 108 personnes
admises à l'Hôtel-Dieu de Québec en 1744 qui ont été recensées, 84 l'étaient avec une mention de
profession. Ces derniers appartenaient à 69 familles différentes. Une comparaison entre les
occupations des malades admis durant cette année et la structure socio-professionnelle de la ville
de Québec telle que perçue à travers le dénombrement du curé Jacrau permet de préciser la
relation entre la société québécoise et son hôtel-Dieu.
L'Hôtel-Dieu accueille d'abord les plus démunis. Les journaliers, les domestiques, les servantes et
les serviteurs sont surreprésentés en regard de leur nombre dans la ville. 40% des malades sont
liés à une famille appartenant à cette catégorie mais pourtant cette dernière regroupe le tiers des
individus recensés avec une indication de profession. A l'opposé, les marchands (10), les
commerçants (3), les négociants (60), les commerçants-négociants (3), les conseillers (9), le greffier
du Conseil (1), les lieutenants civils (2), le grand-prévôt (1), les procureurs (3), les écrivains (10) et
les notaires (3) qui représentent pourtant 105 chefs de famille avec mention de profession dans le
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